Le hasard met parfois sur votre chemin une personne dont la situation personnelle vous touche.
Par un bel après-midi de novembre 2019, nous avons rendez-vous à Nagarkhot avec des amis portugais qui sont réunis en congrès, pour travailler sur la situation des enfants des rues. Nous voilà embarqués à moto avec Prithivi, sur les hauteurs, près de Bhaktapur.
Arrivés en avance, nous nous écartons de notre route pour emprunter un petit chemin blanc qui mène à un petit lac de montagne. Nous sommes à l’écart de tout chemin touristique.
Nous trouvons là, un homme approchant la quarantaine, assis avec un bandage autour du thorax. Il égraine doucement son mala (chapelet) en récitant ses mantras. Devant lui, deux radios vieillies par la poussière et posées à même le sol. La scène m’interpelle. Comment peut-il mendier dans cet endroit perdu ? Je m’étonne aussi qu’il ne tende pas la main. La pudeur semble l’empêcher de réclamer.
C’est au retour, après quelques photos au bord du lac, que nous décidons de nous arrêter auprès de lui. L’homme nous explique qu’il était charpentier avant le tremblement de terre de 2015. Sa maison s’est écroulée sur lui. Papa d’une petite fille née juste après le séisme, il ne peut plus travailler. Sa femme travaille un peu aux champs.
Pendant que Prithivi analyse un peu la situation avec lui, je prépare une série de billets au fond de ma poche. Puis, nous nous écartons un peu. Prithivi connait les préceptes de Thanaka : mieux vaut que ce soit un népalais qui transmette une obole plutôt qu’un étranger. Discrètement l’argent transite donc dans les mains de Prithivi avant d’être confié au brave homme avec les recommandations d’usage.
Juste une poignée de roupies qui éclairera pour plusieurs semaines le quotidien d’une famille.